Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter une petite histoire. Et puis dans de prochains articles, je vous donnerai quelques recettes et des infos pour découvrir ces arbres présents dans notre Loudunais.
Castagne en prévision!
Voilà de quoi provoquer la castagne. D’un côté on a un fruit qui est la châtaigne et de l’autre le marron qui est le fruit de l’arbre greffé.
Au final on a celui avec lequel il ne faut pas confondre tout ça : le marron d’Inde.
Et cette confusion on la doit en partie des italiens du XVIIe siècle qui nommaient « marrone » une variété de grosses châtaignes…
Le père Joseph nous raconte tout ça
Venu dans nos contrées au début du XXe siècle, il était né en Lozère, près de Mende. Vous savez là où il y avait la bête du Gévaudan ! Pour lui la châtaigne c’était comme pour nous la pomme de terre.
Il ne tarissait pas sur le sujet de cet arbre et de ses fruits nourriciers.
Un arbre aux nombreuses variétés
Il nous racontait ainsi que cet arbre existait depuis la nuit des temps. Il y avait aussi plus de 40 variétés aux noms énigmatiques : Mijolr, Maraval, Bournatte, Dordorasse. Et que certaines étaient venues de pays lointains comme la Chine et le Japon.
La récolte s’effectuait en automne, en famille, avec un bâton fourchu. Mais on le récoltait également d’une manière différente selon les variétés . En effet, elles n’ont pas toutes le même goût et aptitude à l’épluchage, ainsi qu’à la conservation.
Un aliment de base
Il y avait donc différentes façons de la conserver. Une petite pièce attenante à la ferme servait notamment de séchoir . Le plafond y était très bas, et perforé de trous. On y disposait et brassait les châtaignes, tandis que dans la pièce du bas on y faisait un feu lent et bien fumant.
Un tri selon l’usage
Il y avait les belles que l’on vendait, celles que l’on conservait de diverses façons, et les autres, les petites principalement, qui étaient réduites en farine pour faire un pain qui « économisait » le froment
Avec la châtaigne, on ne mourrait pas de faim !
Grande préoccupation des anciens temps : manger. Alors la châtaigne la consommait à tous les repas : bouillie mélangée à du caillé, pain, fouace et gâteaux ; ou encore avec un lièvre (pris au collet) et de cèpes (en saison) … mais aussi le plus souvent avec du porc. En effet, le père Joseph ricanait en disant que chez lui, on appelait aussi le châtaignier : « l’arbre à saucisses ». Le fruit servait aussi à nourrir les porcs, auxquels il transférait un goût bien particulier.
« Didoyou, s’auraient mieux fait de planter un châtaignier »
Arrivé en Loudunais, c’était souvent ce qu’il psalmodiait en voyant les marronniers d’Inde. Cela dit il était bien content de voir ses chemises bien lavées, de ne plus avoir mal au dos et de nourrir son cheval à petits frais… mais c’est une autre histoire que je vous conterai dans un prochain article…
Le châtaignier était aussi un sujet d’étude pour les élèves des écoles primaires. Ils disposaient alors de planches didactiques fort bien conçues.