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Les truffes du Pays Loudunais

La truffe est une culture qui a eu ses heures de gloire en Loudunais et que des passionnés ont essayé de relancer depuis plus d’un quart de siècle.
Parmi ceux ci, feu notre ami Jacques Manreza, qui va nous entraîner sur les pistes de ce fabuleux champignon.

Tout d’abord, la présentation de ce champignon.

Classification : un champignon souterrain et de multiples variétés

Champignon souterrain, calcicole du groupe des ascomycètes et du sous groupe des tubéracées dont le genre principal tuber rassemble l’ensemble des truffes.
Il existe 32 variétés de truffes européennes, mais seule la truffe du Périgord (tuber melanosporum), surnommée « le diamant noir« , mérite d’être cultivée.

C’est cette variété qui faisait la renommée des truffes de Loudun au XIXe siècle (Note de M. Manreza : voir à ce sujet l’étude de Madame Dereix de Laplane dans le bulletin de la Société Historique du Pays Loudunais N°2 de Mai 2000), c’est elle que l’on relance actuellement.

Reproduction : pas seulement sur les racines de chêne

La truffe ne peut vivre qu’en se fixant, en symbiose sur un autre végétal.
Elle prospère le plus souvent sur des racines de chêne, mais peut aussi se fixer sur des racines de noisetier, tilleul, bouleau, charme.
La truffe se reproduit par des spores qui émettent, dès leur germination, un organe de fixation sur une racine : les mycorhizes.

Culture : des exigences en sols, terre et climat

La truffe ne peut pousser que dans des sols calcaires avec un PH supérieur à 7, 5. C’est heureusement le cas d’une partie du territoire loudunais.

Pour créer une truffière il faut d’abord choisir le terrain ;
Sous réserve d’une analyse de terre favorable la Région Poitou-Charentes peut accorder une subvention (variable suivant les années).
On plante alors des jeunes chênes parasités, ce qui signifie ” mychorizés ” par la truffe issus de la recherche faite à L’INRA depuis plus de vingt ans.
Il ne reste plus qu’à attendre 10 à 15 ans que l’arbre prenne assez de force pour produire ses fruits et nourrir le mycélium des truffes, pour faire la première récolte.
Des truffières du Loudunais se sont distinguées en donnant leurs premières truffes 5 ans seulement après la plantation.
Les truffes sont mûres de décembre à mars.
Pour les trouver, on utilise le flair des chiens dressés, procédé plus commode que l’emploi de porcs au XIXe siècle, car ce champignon n’a aucun organe apparent à la surface du sol.

Maladies : le danger des épandages agricoles

Il n’existe pas de maladies spécifiques. Une pluviométrie abondante peut faire pourrir les truffes avant maturité, comme lors de l’hiver 2000-2001.
Des attaques d’oïdium ou par des chenilles processionnaires du chêne porteur ralentissent la croissance du mycélium. Le plus grand danger vient des épandages de fongicides agricoles à proximité qui détruisent les mycorhizes, les dégâts risquent de n’apparaître que 5 à 8 ans plus tard.
Ce qui est le cas d’ailleurs sur plusieurs truffières locales.

Récolte des trufes en Loudunais
Jacques Manreza cherche des truffes avec son chien dans sa propriété du Loudunais

La production de truffes en Loudunais

Autrefois la Vienne était une des plus grandes régions de France pour la production de truffes.
Les premières plantations se sont faites à Beuxes en 1800.
En 1870 il y avait 500 hectares de truffières dans le département.
Le manque d’entretien suite aux affres de la guerre de 14, les braconniers qui ont saccagé les truffières à coups de pioche, le non remplacement des truffières usées, ont ruiné cette production.
Les difficultés pour implanter une truffière, le long délai avant qu’elle ne produise, la recherche laborieuse pour la cueillette, justifient le prix élevé de ce champignon.

(A l’époque de l’écriture de ce texte) la production nationale était de l’ordre de 40 tonnes par an.
Il faudrait atteindre 500 tonnes pour saturer le marché et voir les cours baisser… le secteur a donc un bel avenir !

Jacques Manreza

Une nouvelle concurrence

On trouve désormais dans les grandes surfaces des truffes en provenance de pays étrangers. Et ceci même en grande surface. Comme celles commercialisées par l’entreprise Borde de Sauges dans le merveilleux pays du Gevaudan.
On peut lire ceci sur l’emballage :
« Il s’agit de truffes récoltées par les tibétains sur les hauts plateaux de l’Himalaya, balayés par un air pur et vivifiant. Leur pouvoir aromatique permet de parfumer un grand nombre de plats simples ou sophistiqués ».

Pour déguster : découvrir quelques recettes de truffes (à paraître prochainement dans la rubrique Recettes)

Anecdotes
La truffe, proche du Loudunais…

En 1884, à Richelieu, chaque hiver se commercialisait sur la Place du Marché aux Veaux, 8 tonnes de truffes !
La « Grande Guerre » a tué les hommes et leur savoir faire, et les truffières sont restées à l’abandon.

Puis, jusqu’au dernier conflit mondial on s’est contenté de ramasser la production agonisante d’un autre siècle…
Dans le même esprit et avec la même volonté que leurs voisins loudunais, quelques pionniers ont osé, replanter des chênes truffiers. Désormais, une dizaine d’hectares sont déjà en production, d’autres planteurs suivent et la région proche du loudunais de quelques encablures, comptera bientôt plus d’une cinquantaine d’hectares de truffières ! (En 2010)

Les « champignons du diable »

Bien entendu tout ce qui est noir peut être apparenté aux ténèbres ! Alors, autrefois, l’Eglise appelait les truffes « Les champignons du diable ». Elle autorisa toutefois sa célébration par une messe aux truffes.. Elle était célébrée chaque 3ème dimanche de janvier, en hommage à St-Antoine.

St-Antoine est le patron chrétien des trufficultures et du diamant noir dont la fête est le 17 janvier.

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2 commentaires

    1. On peut acheter les truffes du Pays Loudunais de décembre à janvier. Bien entendu les années bonnes ou mauvaises ont des incidences sur les récoltes, leur période de récolte et de vente.
      Il y en aurait alors à la Maison de Pays du Loudunais à Chalais. Là ou vous pouvez éventuellement vous renseigner.

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