Le Jardin Potager est représentatif du goût médiéval pour les jardins, lui aussi empreint de la symbolique chrétienne : celle du Premier Jardin, du Paradis Terrestre perdu par nos premiers parents.
Cette symbolique se mêle à l’héritage oriental très important dans l’art médiéval où l’on se souvient des jardins suspendus de Babylone et où les croisades seront l’occasion de découvrir les jardins musulmans, tandis que les textes antiques transmettent à ceux qui les copient inlassablement les souvenirs des jardins de la Grèce et de Rome.
Le jardin médiéval, qu’il soit potager, verger, jardin des simples ou jardin bouquetier; qu’il serve à la nourriture, à la médecine, à la décoration, à la prière, à la méditation ou aux ébats amoureux est toujours un jardin clos.
La clôture protège les hôtes du jardin des bêtes et des hommes sauvages, prédateurs, voleurs ou indiscrets.
« Ouvrez-moi la porte, belle douce amie, ouvrez-moi la porte, du pré si joli. Dieu me soit témoin de ma courtoisie, ouvrez-moi la porte, belle douce amie. »
Au Moyen-Âge on mélange volontiers fleurs et légumes et même le jardin potager est l’objet de soins esthétiques.
On le peuple d’animaux (volière) et on y ménage des charmilles pour s’y reposer à l’ombre.
Les clôtures sont typiques de l’époque médiévale ; elles sont réalisées en branches entrelacées (qu’il faut couper en mars lorsque la sève est basse).
Elles étaient le plus souvent en noisetier ou en saule. (Ces branches « pliées » ont donné par déformation du latin plexus, le nom de Plessis, qui au nord de la Loire signifie clôture).
Les jardins, les champs, les parcs à animaux étaient ainsi clos au Moyen-Age.
Les légumes sont ceux que l’on cultivait au Moyen-Âge.
Ainsi la tomate, introduite après les Grandes Découvertes est absente, mais l’aubergine est présente : elle a été introduite par les Catalans qui l’avaient eux-mêmes connue des Arabes d’Espagne
Les plantations du potager sont:
Le céleri, plante aromatique qui était utilisée dans l’Antiquité seulement comme ornement (couronnes mortuaires) ; c’est le Moyen-Age qui en a fait l’utilisation culinaire.
Les bettes ou blettes étaient déjà consommées par les Grecs, l’homme du Moyen-Age en a conservé l’utilisation.
Les aubergines tirent leur nom du Catalan Alberginia ; originaires de l’Inde, elles sont venues de l’Asie à l’Occident par le monde Arabe aux X – XI, siècles.
Les choux, rois des herbes potagères étaient l’une des bases de l’alimentation médiévale et notamment des soupes familiales.
Les navets, raves et carottes étaient appelés au Moyen-Âge « racines ».
Très utilisées, leur usage remonte aux temps celtiques. La carotte était d’ailleurs le plat national des Gaulois.
Les poireaux étaient très prisés au Moyen-Âge et très utilisés notamment en fine mouture appelée « porée » pour accompagner les viandes.
L’oignon, originaire de l’Asie Centrale était très consommé au Moyen-Âge, non seulement pour la cuisine, où il était l’une des composantes essentielles de la nourriture du pauvre, mais aussi pour divers soins.
Les fèves, étaient très consommées au Moyen-Âge ; elles l’étaient déjà par les Gaulois. Comme la rave, c’était une culture de plein champs. Pour la dîme, la fève faisait partie des grains « gros » que l’on partageait sur le champ. Dans les temps de disette, on mélangeait de la farine de fèves à celle des céréales.
Les pois, comme les lentilles étaient aussi très utilisés. Et l’on voit dans divers livres de comptes, comme ceux du duc de Berry, que leur cueillette se faisait beaucoup plus tôt qu’aujourd’hui, le climat de la France médiévale étant plus chaud que le nôtre.
Les salades étaient très diverses et la laitue à elle seule, représentée par une infinité de variétés.
La vigne est présente pour rappeler qu’elle existait partout dans l’ancienne France du fait du climat plus chaud que le nôtre. (Il y a eu un refroidissement important à la Renaissance).
Apporté aux Gaulois par les Romains, le vin était très apprécié au Moyen-Age. Les Gaulois leur firent connaître un moyen de conservation qu’ils ignoraient : le tonneau. Au Moyen-Age, le vin d’Auxerre, par exemple était très renommé ; mais on aimait aussi les vins mêlés d’épices et de fruits que l’on servait en fin de repas. La bière (cervoise des Gaulois) était aussi consommée quotidiennement.
Le miel était très utilisé au Moyen-Âge pour tout ce qui devait être sucré dans la cuisine ou la pâtisserie. En effet, le sucre était donné exceptionnellement, on le gardait pour les vieillards et les malades. Il y avait donc une très grande consommation de miel, et partout des ruches.
Le premier jardinier célèbre du Moyen-Age, devenu patron des jardiniers est saint Fiacre. Il s’agit d’un moine Irlandais, FIACHRA, qui vint en Gaule au Vile s. comme beaucoup de disciples de saint Patrick et de saint Colomban qui apportèrent aux moines des Gaules leur savoir et l’héritage gréco-latin qu’ils avaient préservé.
Il n’est pas inutile de souligner qu’à l’aube du Moyen-Âge, l’art de l’enluminure (1) et celui des jardins nous sont tous deux venus d’Irlande.
Deux arts de la couleur et du décor, fruits du savoir, de la patience et de la précision.
Saint Fiacre, ermite au Breuil, près de Meaux, passa sa vie à évangéliser les populations et à défricher le lieu.
« Autour de sa hutte s’élevèrent un potager odorant, un jardin des simples et une vigne : Il en nourrira les pauvres, et il les soignera de ses baumes ».