Avec son mari Jacques, Gisèle Manreza, de Frontenay-sur-Dive, a réintroduit dans la Vienne, dans les années 60, la truffe, le safran et les amandiers.
Gisèle Manreza est native de Frontenay-sur-Dive, comme son père et son grand-père. Elle en connaît un rayon, sur la région, ses anecdotes et ses légendes.
Et elle a tant d’histoires à raconter ! Comme la légende de Gargantua qui se serait trouvé un jour au Peu de Mouron : une histoire qu’elle a racontée avant le départ d’une sortie botanique organisée par Arbrissel sur la commune en 2015.
Comme cette histoire de bulbes de safran : « Comme on en avait beaucoup, on a décidé d’en donner, mais pas plus de 50 par personne. »
Du diamant noir à l’or rouge, il y a Paul Bocuse
Mariée à Jacques Manreza en 1955, elle vit longtemps à Paris mais revient souvent dans la Vienne, avant de se réinstaller définitivement dans son village natal en 1974. Âgée de 84 ans aujourd’hui, et même si Jacques n’est plus à ses côtés, elle continue à le faire vivre en racontant toutes ces choses qu’ils ont réalisées ensemble.
De la création de l’association des Trufficulteurs de la Vienne (en 1968), à la réintroduction de la culture safranière en Loudunais, « et on a même remis en route les amandiers », ajoute-t-elle.
Le couple a planté ses fameux chênes truffiers. « Mais la terre n’était pas mycorhizée (NB : association et échanges entre les racines de l’arbre hôte et les champignons) et il faut attendre près de dix ans pour voir les premières pépites noires », raconte Gisèle.
Le miracle est quand même au rendez-vous, et la production de ces deux produits haut de gamme leur a fait connaître de grands noms.
Parmi eux, il y a eu le chef cuisinier Jean Delaveyne, deux étoiles au guide Michelin, qui s’était fait une spécialité de la cuisine des champignons.
« C’est dans le restaurant de Jean Delaveyne, alors qu’il amenait ses truffes, que Jacques a rencontré Paul Bocuse, confie Gisèle. Il lui a dit : fais donc des truffes dessous et du safran dessus !»
A partir de là, ils ont créé l’association des Trufficulteurs. Après « le diamant noir », il y a eu « l’or rouge », entendez le safran, sur lequel Jacques et Gisèle Manreza ont écrit «Le petit traité savant du safran».
Gisèle est intarissable, et partage volontiers ses recettes, « car le safran est bon pour la digestion et il fluidifie le sang », explique-t-elle, tout en montrant une fleur de safran peinte par ses soins à l’aquarelle.
Car elle trouvait encore le temps de peindre, et d’être reconnue illustratrice de revues régionales.
Actuellement elle est bénévole à la bibliothèque où elle tient des permanences, et elle continue de consigner toutes les histoires qu’elle a en mémoire : de vraies histoires qui se sont passées à Frontenay, qu’elle a vécues ou que lui racontaient son père et son grand-père.
Elles pourraient bien devenir un nouveau livre.
Thérèse Rinuit