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Tout savoir des amandiers et d’arbrissel en Loudunais

Au printemps, lorsque vous vous promenez dans le Loudunais, vous allez le reconnaître, car l’amandier est le premier à fleurir. Il est souvent planté sur un talus ou au pied d’un vieux mur.
Mais dans ce haut-Poitou il est isolé et tente à disparaître suite aux remembrements et aux dépeuplements des villages où les familles s’en vont vers des horizons bétonnés.

Ils payaient le boulanger avec des amandes

Jacques Manreza, venu de la région parisienne vers les années 1954, fait des séjours réguliers à Frontenay sur Dive dans le Haut-Poitou où il a sa belle famille.
Les voisins et amis Touveneau sont boulangers pâtissiers où Jean excelle dans les recettes de pays : la frangipane, le broyé, les pralines et autres… Il lui dit qu’il y a quelques années, certains de ses clients payaient leur pain avec des amandes.
Donc il faut replanter des amandiers!

Une rencontre qui allait changer le cours des choses

Jacques Manreza devant l'un de ses amandiers
Amandier et Jacques Manreza

Et puis un jour à la croisée d’un chemin, vers les années 90, la rencontre de Vincent et de Jacques.
L’un recensait les arbres remarquables de la région et le second, les derniers amandiers.
Comment ne pas faire équipe lorsque l’on a les mêmes passions.

Et c’est la création de l’association ARBRISSEL

Une journée d’informations eu lieu à la Mairie de Loudun en novembre 1997.
Avec la CCPL (Communauté de Communes du Pays Loudunais) en 1998 création de l’association « ARBRISSEL ».
Vincent Aguillon, l’animateur du patrimoine et de l’environnement, devint le président, Joêl Métais et Jacques Manreza les vice-présidents et toute l’équipe ARBRISSEL se forma.

L’odyssée verte en Loudunais

L’Odyssée Verte 2000 permit la plantation de 2.785 arbres isolés dans les 52 communes du nord Vienne, dont 255 amandiers achetés à la pépinière Michaux 85.
Depuis on réalise des centaines de plants (4 à 5.000 d’amandiers de pays plantés) plus tout le traffic d’amande opéré.
Dans le Loudunais, l’épopée « amandiers » était lancée.

On va planter des amandiers

De son côté, Jacques Manreza, avant de procéder à sa plantation, pensait qu’il était bon déjà de se documenter et le mieux s’adresser au ministère de l’agriculture.
Le ministère lui envoya un ouvrage très complet sur l’amandier, sur les variétés d’amandes, sur la culture et ses débouchés.

Dans cet ouvrage, les départements producteurs étaient nommés : Provence, vallée du Rhône, Corse, mais pas le haut-Poitou qui pourtant avec son climat chaud et ensoleillé et ses terrains calcaires y est très favorable.
En 1964, la direction agricole des Basses-Alpes lui avait fait parvenir l’adresse d’un pépiniériste, Monsieur Veauvy à Crest dans la Drôme.
Mais lorsque l’on s’appelle Manreza, on ne se dit pas, « tiens je vais mettre un ou deux arbres dans le jardin », mais il se décide pour une plantation sur un hectare.
Le premier courrier fait au pépiniériste de Crest est daté du 17 novembre 1964 et la commande est passée fin décembre 1965 de 144 amandiers, puis de 158 en décembre 1966 et 54 en février 1968.

Choisir les bonnes variétés

Le choix est fait sur des variétés différentes, à coques dures ou tendres « Fourcouronne, Aï, Four en bas, Drake, Texas ». Dans le haut-Poitou le nom des amandes dont l’identification est incertaine est désigné « sur le talus face au moulin, dans le clos Rabelais ou l’amandier de Mémé Titine.. » etc.

Les origines de l’amandier

Le prunus amygdala’s Batsh, ce rosacea aussi appelé Amandier, est peut-être d’origine asiatique. On le mentionne au Vie siècle avant J.C. en Perse, en Grèce et chez les romains au IIIe siècle avant J.C.
En France méridionale, seulement au haut moyen-âge où sa culture est notée dans les recueils des lois de Charlemagne en 820.

Les Arabes l’introduisirent en Afrique du Nord. Il y a beaucoup de plantations en Espagne, en Italie, au Portugal et il a été importé aux Etats-Unis dans le 19e sicle.
Il est maintenant presque abandonné en France du fait de la concurrence espagnol et surtout américaine.

C’est l’arbre des climats chauds et secs, des hiver doux. Il peut atteindre 8 à 10 mètres. Il fleurit de très bonne heure, donc il y a des risques de gelées en février ou mars, sur les fleurs et les jeunes fruits.
Son tronc très dur et ses racines profondes et pivotantes supportent les grands froids et résistent à la sécheresse. Il lui faut un sol calcaire et pierreux.

Comment le reproduire et le planter

Il peut se multiplier par greffe en écusson sur plan d’amandes amères, ce qui permet de choisir les meilleures variétés, ou par semis, ou planté après avoir été mis en stratification dans un pot.

Avant la plantation, il faut des labours pour ameublir la terre. Et par la suite un apport de potasse et de fumier de ferme.
L’amandier étant autostérile, il est nécessaire de planter plusieurs variétés pour la pollinisation et avoir à proximité quelques ruches.
Faire une taille des branches mortes en hiver.

Des arbres centenaires dans le Loudunais étaient déjà sur place… peut-être 300. Sur chacun d’eux, des amandes ont été prélevées et goutées pour sélectionner celles destinées à la stratification.

L’opération de la stratification

Elle se déroule vers le mois de décembre. Mettre 4 ou 5 amandes dans un pot en terre avec du terreau, plus du sable. Enterrer le pot contre un mur situé au nord et protéger le avec un grillage contre les rongeurs.
Au printemps vers avril mai, un germe se forme. Sortir les amandes, les placer délicatement en pleine terre dans un endroit ensoleillé, arroser, pailler, protéger par un grillage contre les lapins et les chevreuils.

Amande douce et amande amère, quelle différence ?

De nombreuses variétés d'amandes sont cultivées dans le pays de Loudun
Amande

Les fruits peuvent se conserver plusieurs années après la récolte mais rien ne distingue l’amande douce de l’amande amère. Si ce n’est le goût amère.
Les amandes douces sont récoltées vertes l’été, et en fruits secs en septembre octobre pour la table, les confiseries et les pâtisseries, nougats, calissons, pithiviers, frangipane, dragées, macarons, pralines, pâte d’amande, sirop d’orgeat, etc.
L’amande amère peut être utilisée en infime partie dans la pâtisserie.

Qualité et bienfaits des amandes

Les amandes sont riches en huile, en protéine et en glucide. En vitamines A, B1, B2, PP, B5, B6 et en substances minérales. L’huile pour la peau est hydratante et calme les démangeaisons.
Elle est utilisée en parfumerie. En pharmacie en usage interne et pour les maux de gorge.
Des fruits de l’amande amère, on peut retirer « l’essence d’amande amère », l’Emulsionne (dont la présence est constatée dans toutes les amandes) qui agissant sur un glucoside, l’Amyadine, en présence de l’eau donne de l’essence d’amandes amères (aldéhyde benzoïque) de l’acide cyanhydrique et du glucose.

Les amandiers élevés en pépinière… combien ont été plantés au bord d’un chemin, à l’angle d’un champ, distribués à des collectivités locales (écoles, etc) à des jardiniers passionnés, sûrement des milliers. Alors l’équipe Arbrissel stratifie à tour de bras.

Avec ce thème remarquable il y a eu aussi des expositions photos, des conférences, des soirées « mémorables » où l’on casse les amandes à grands coups de marteaux… et des recettes de pays où les pralines font un tabac.

Jacques nous quitte, mais les amandiers sont là!

Jacques ManrezaDans l’hiver 1966, lorsque les premiers amandiers arrivent de la Drôme pour la plantation d’un hectare, les rires et les quolibets vont bon train : « après il va planter des amandiers place de la Concorde ».
Mais un jour suite à des graves problèmes de santé, Jacques Manreza le passionné qui aimait tant la nature, s’en est allé.
Les amandiers continueront à fleurir; comme dit Vincent « J’aurai plaisir à croire que l’amande tombée de l’arbre viendra d’un peu plus haut ».


Texte de Gisèle Manreza

A propos de Gisèle Manreza Gisèle est une passionnée de nature comme le fut Jacques son mari. Elle a publié divers livres en ce sens. A Arbrissel, Gisèle met son talent d’illustratrice au service de l’association. Ses aquarelles ornent merveilleusement la dernière page de la Feuille d’Arbrissel où chaque mois un arbre du Loudunais est mis en valeur.

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