Le Hêtre appartient à la famille des Fagacées comme le chêne et le châtaignier. Parfois appelé fayard, on le nomme également, selon les régions, foyard, favinier, fouteau, faye, fou, faon, toutes appellations dérivées du latin« fagus » qu’on retrouve souvent en toponymie ainsi que dans les noms de famille. le mot hêtre vient du germanique « hester. Syntboie de sagesse, il est l’un des quatre piliers (avec le chêne, le bouleau et l’olivier) de l’année solaire chez les anciens Celtes.
Du terme « fagus » dérivent aussi les mots fouet fait à l’origine d’une baguette de hêtre ; fouine qui passe pour loger de préférence dans cet arbre ; faîne, fruit du hêtre. L’appellation franco provençale fayard (ou sa variante foyard) est également employée par les forestiers lors des inventaires ou des martelages, lorsqu’il faut désigner à voix haute l’espèce, à la place du mot hêtre, trop peu sonore.
C’est un arbre élancé, à feuilles caduques, pouvant atteindre 30 à 50 mètres de hauteur. Il a une longévité moyenne de 150 à 200 ans. Il s’adapte à tous les sols, s’ils sont bien drainés, car il craint l’excès d’eau. Il apprécie l’ombre. et a besoin d’humidité atmosphérique. Il est sensible aux tempérantes extrêmes, mais prospère à la fois en plaine et en montagne jusqu’à 1500 mètres. Il est particulièrement sensible aux gelées de printemps.
Après le chêne, c’est l’essence, â feuilles caduques la plus répandue en France représentant 10 ‘% des forêts.
On le trouve en Bretagne, Normandie et Picardie (particulièrement en Forêt de Crécy). Il recouvre collines et basses montagnes en Lorraine, Bourgogne et Franche-Comté. Il est rare en Méditerranée (uniquement en montagne) et absent ou presque du Bassin aquitain, de la Champagne et de la Sologne. Au Pays Basque. la forêt d’Iraty est la plus grande hêtraie d’Europe.
L’étude de l’ADN de restes fossiles d’arbres confirme que depuis le Néolithique, les hêtres de nos forêts doivent l’essentiel de leurs gènes à des ancêtres qui ne sont pas remontés du sud européen, ce qui a permis de conserver une biodiversité plus importante. Les hêtres des paysages de l’Europe moyenne reflètent encore les recolonisations forestières de !a moitié du postglaciaire.
Variétés naturelles du hêtre :
– Le hêtre pourpre, Fagus sylvatica purpurea, fréquent dans l’est de la Fronce, en Suisse et en Bavière.
– le hêtre tortillard. -(Fagus sylvatica L. Var. tortuosa Pépin). une forme à troncs et branches contournés. C’est un mutant apparu naturellement. Le site le plus connu en France est celui des « faux de Verzy », dans la montagne de Reims. On en connaît aussi en Auvergne, en Bretagne et en Lorraine (forêt de Rémilly où on en dénomme un II Joli Fou »).
Variétés horticoles
Fagus sylvatica est également apprécié en tant qu’espèce ornementale, avec une grande diversité de variétés horticoles issues des sélections des horticulteurs .. Il ne supporte cependant pas du tout les tailles sévères, ni les sols compactés, et son usage est donc plutôt réservé aux plantations de p<:trc. Il se prête bien à l I art du bonsaï.
Son aspect varie selon Je traitement forestier. En futaie, JJ peut avoir un grand tronc très dégagé avec un houppier étroit et des branches dressées, tandis qu’isolé, son tronc est plus court avec un houppier massif aux branches étalées.Son écorce est mince, lisse et gris clair.
Les feuilles alternes sont entières et simples, longues de 6 à 10 cm et larges de 4 à 7 cm, brillantes et légèrement coriaces. Le pétiole, cannelé, d’une longueur d’environ 1 cm porte une pubescence blanche dense. Le bord des jeunes feuilles est frangé de poils qui disparaissent ensuite. Pour retenir cette particularité, les botanistes néopl\ytes disposent d’un mnémonique humoristique qui permet de distinguer la feuille de hêtre de celle du charme, de forme voisine « Le charme d’Adam (à dents), c’est d’être (Hêtre) à poils », rappelant ainsi la nature du bord du limbe.
Le feuillage est fréquemment marcescent : des feuilles mortes restent attachées aux bronches pendant une .partie plus ou moins longue de I’hiver. le phénomène affecte surtout les jeunes arbres.En automne, il prend une teinte cuivrée.
Le hêtre fructifie à partir de 60 ou 80 ans. Cette fructification qui a lieu tous les ans, est très abondante sur tout le massif forestier, l’année suivant un été chaud, ensoleillé et sec, mais jamais deux années de suite. Le débourrement des bourgeons a lieu tardivement.
Entre autres signes et indices biologiques ou chimiques, le hêtre reconnaît le moment propice à l’éclosion à la durée journalière d’ensoleillement Cen’est qu’après le débourrement que la croissance des racines commence.
Le Hêtre commun est monoïque. Sa floraison se produit en avril-mai, avec des fleurs mâles jaunes, sous forme de petits chatons pédonculés et à pilosité velue, ses fleurs femelles, vertes et à court pédoncule, formant des groupes séparés.
Ses fruits triangutcrires, appelés faînes, sont des akènes groupés par quatre dans une cupule ligneuse.
Les faînes sont très apprécié des rongeurs mais aussi, autrefois, des enfants. Bouillies ou grillées comme des châtaignes, elles étaient un aliment de disette, utilisées aussi pour ta nourriture des porcs. Autrefois, on en extrayait une huile comestible et une huile lampante. Cependant, consommées en gronde quantité. elles sont légèrement toxiques.
Le bois du hêtre a une grande valeur économique. D’une couleur blanc rosé, lourd. dur et homogène, il est excellent pour les travaux de menuiserie et d’ébénisterie, ainsi que pour le chauffage. Son grain fin et court en fait un bois facile à travailler, notamment en petite menuiserie. Des sièges de style aux avirons en passant par les escaliers et tes jeux de quilles, on peut tout faire avec le hêtre, à condition qu’il n’y ait pas de longue portée (charpente) et qu’on ne le laisse pas dehors. En effet, le bois de hêtre pourrit facilement s’il n’est pas protégé par de la créosote, un goudron à base de distillat de sa propre écorce (comme pour les traverses de chemin de fer).
C’est le meilleur bois de feuillu connu pour la pâte à papier. et il est actuellement abondamment exploité pour cet usage.
Du bois de hêtre est utilisé par le métro marseillais comme matériau des patins de freinage.
La France, l’Allemagne, la Roumanie sont les principaux producteurs de bois de hêtre.
Maladies et ravageurs du hêtre
Les petites galles pointues assez communes sur les feuilles de Hêtre sont causées par la piqûre d’un insecte Mikiola fagi (elles servent de chambre et de réservoir de nourriture pour sa larve).
Le Charançon du hêtre (Orchestes fagi), et plus spécifiquement sa larve, et les chenilles de certains papillons de nuit (hétérocères) se nourrissent des feuilles du hêtre
Les champignons Biscogniauxia nummularia, Nectria coccinea, Nectria ditissima et Cylindrocarpon willkommi, et la cochenille Cryptococcus fagisuga, provoquent le dépérissement du hêtre.
Le champignon Armillaire couleur de miel attaque les hêtres déjà affaiblis.
Le hêtre serait, selon Jean-Luc Dupouey, de l’Inra Nancy, menacé par le réchauffement global. Toutefois, observe le même Jean-Luc Dupouey, « En Lorraine, nous constatons que les hêtres grandissent de 45 centimètres par an, contre 30 centimètres autrefois. C’est dû au réchauffement, mais aussi « à l’augmentation du C02 : »
Usages médicinaux
Son écorce astringente est utilisée comme fébrifuge.
En herboristerie on utilise pour cette propriété sous forme de décoction, l’écorce séchée cueillie en février sur les rameaux de 2 à 3 ans d’âge.
L’agronome A. Fleury de la Roche en indique également l’usage sous forme de poudre, dans le traitement de la goutte, des rhumatismes, des hydropisies et des affections cutanées rebelles.
Paru dans la « Feuille Arbrissel » N°19
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